"Atyaboul Massadjid"

ARCHITECTURE: La Réunion des styles

La Mosquée comprend une salle de prière (Djamaat Khana) vaste de 625 m², la plus grande de l’Ile, pouvant contenir 1200 fidèles pour la prière en congrégation (La salât) ou jusqu’à 2500 personnes pour les causeries religieuses (bayânes).  

Le Djamaate Khana

Il s’agit de la grande salle de prière où les fidèles prient en congrégation (salât)

La Salât

Prière accomplie 5 fois par jour par le musulman (aussi appelé « namaz » terme d’origine turque utilisé en Indie)

Le Bayâne

Discours, sermon ou causerie délivré par un intervenant, souvent un alim ou un imam

Le toit est formé de cinq dômes, un grand central et quatre petits de chaque coté. Ce toit est soutenu par quatre colonnes aux coins du dôme central qui fait 14 mètres de diamètre et 14 mètres de profondeur en son centre.

Les parties basses des dômes sont recouvertes de bois précieux du pays – Tamarins et Nattes – où sont calligraphiés des chapitres (Sourates) et versets du Coran. Sur les petits dômes figurent les sourates 109-112-113 et 114, sur le grand dôme le verset 255 de la sourate 2.

La calligraphie est l’œuvre de Qâri Nazir SHAIKH dans le style Nakshi, exécutée par le sculpteur Comorien Ali M’LAZINDROU.

 

SOURATE 109

 
AL-KĀFIRŪNE (LES INFIDÈLES), 6 versets Pré-hég. nº 18

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. 

1. Dis: «Ô vous les infidèles!

2. Je n’adore pas ce que vous adorez.

3. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore.

4. Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez.

5. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore.

6. A vous votre religion, et à moi ma religion»

Phonétique

1. Qul ya ayyuha alkafiroona

2. La a’budu ma ta’budoona

3. Wala antum ‘abidoona ma a’budu

4. Wala ana ‘abidun ma ‘abadtum

5. Wala antum ‘abidoona ma a’budu

6. Lakum deenukum waliya deeni

SOURATE 112 


AL-IKHLAS (LE MONOTHÉISME PUR) , 4 versets , Pré-hég. nº 22

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. 

1. Dis: «Il est Allah, Unique.

2. Allah, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons.

3. Il n’a jamais engendré, n’a pas été engendré non plus.

4. Et nul n’est égal à Lui».

Phonétique:

Bismi Allahi alrrahmani alrraheemi

1. Qul huwa Allahu ahadun

2. Allahu alssamadu

3. Lam yalid walam yooladu

4. Walam yakun lahu kufuwan ahadun

SOURATE 113
AL-FALAQ (L’AUBE NAISSANTE) , 5 versets  , Pré-hég. nº 20

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. 

1. Dis: «Je cherche protection auprès du Seigneur de l’aube naissante,

2. contre le mal des êtres qu’Il a créés,

3. contre le mal de l’obscurité quand elle s’approfondit,

4. contre le mal de celles qui soufflent [les sorcières] sur les nœuds,

5. et contre le mal de l’envieux quand il envie

Phonétique:

Bismi Allahi alrrahmani alrraheemi

1. Qul a’oothu birabbi alfalaqi

2. Min sharri ma khalaqa

3. Wamin sharri ghasiqin itha waqaba

4. Wamin sharri alnnaffathati fee al’uqadi

5. Wamin sharri hasidin itha hasada

SOURATE 114

AN-NĀS (LES HOMMES) , 6 versets , Pré-hég. nº 21

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. 

1. Dis: «Je cherche protection auprès du Seigneur des hommes.

2. Le Souverain des hommes,

3. Dieu des hommes,

4. contre le mal du mauvais conseiller, furtif,

5. qui souffle le mal dans les poitrines des hommes,

6. qu’il (le conseiller) soit un djinn, ou un être humain».

Phonétique:

Bismi Allahi alrrahmani alrraheemi

1. Qul a’oothu birabbi alnnasi

2. Maliki alnnasi

3. Ilahi alnnasi

4. Min sharri alwaswasi alkhannasi

5. Allathee yuwaswisu fee sudoori alnnasi

6. Mina aljinnati waalnnasi

Ayat Al Kursi:

Allah! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par lui-même «Al-Qayyûm». Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent. A Lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission? Il connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science, ils n’embrassent que ce qu’Il veut. Son Trône «Kursiy», déborde les cieux et la terre, dont la garde ne Lui coûte aucune peine. Et Il est le Très Haut, le Très Grand.

Extrait de la SOURATE 2 
AL-BAQARAH (LA VACHE) , 
286 versets Post-hég. nº 87 

Le Mihrâb (la niche) qui donne l’orientation de la « Qibla » (direction) vers la Kaaba sacrée (édifice situé à la Mecque en Arabie Saoudite et vers laquelle tous les musulmans du monde se tournent pour prier), Nord-Nord-Ouest pour nous à l’île de la Réunion a été sculptée dans le l’okoumé, essence africaine.

La calligraphie est l’œuvre du grand calligraphe de réputation internationale Abdoul Ghani ALANI qui exposa ses œuvres dans notre île en Mai 1995.

Le Mimbar (la chaire) est également sculpté dans de l’okoumé.

Les portes d’entrées sont exécutées en madriers de Natte. Mihrab, Mimbar, Portes, sont tous l’œuvre du sculpteur Ali M’LAZINDROU.

Les calligraphies du Mihrab, des portes d’entrées et des macarons portant le nom d’ALLAH (Dieu) et de MOUHAMMAD (P.B.S.L.) (Mahomet), ainsi que des calligraphies représentant les 99 Noms (Attributs de Dieu) se trouvant tout en haut des murs de l’enceinte de la salle de prière, de même que celles donnant vers la sortie de la Mosquée rue F. de Mahy, sont l’œuvre plus récente du sculpteur Abdillah ROUBBANI également d’origine comorienne. Elles sont de style « Nakshi » et « Diwani ».

À l’origine, la communauté musulmane de Saint-Pierre a racheté en 1905 le terrain sur lequel une case créole était construite. « Les cloisons avaient été abattues pour créer une salle de prière ».

La première mosquée de la ville, correctement orientée vers La Mecque, a été construite en 1913. « C’était un vrai lieu de culte, en maçonnerie, avec un toit en tôle à quatre pans ». Agrandie à plusieurs reprises, elle devient trop petite au début des années soixante-dix quand des musulmans de Madagascar fuient le pays suite aux événements de 1972.

La nouvelle mosquée est dessinée par le même architecte qui a imaginé l’aéroport de Gillot. L’association lui donne carte blanche. Résultat, la mosquée, inaugurée après 2,5 ans de travaux en 1975, est dotée d’une architecture originale : ses dômes, notamment, ne font pas partie de la tradition du Gujarati. C’est aussi la première mosquée de l’île a disposer d’un minaret. Sa salle de prière de 625m2, d’une capacité de 1200 personnes, en fait la plus grande de la zone océan Indien. 

Dr Amode Ismael Daoudjee

Médecin et auteur du livre "Les Indo-Musulmans Gujaratis” , (éditions Grahter)

A cette salle de prière est adjoint un espace extérieur construit sur deux niveaux.
Au niveau bas on trouve d’une part, les bassins d’ablutions, « Hawz » nécessaires à l’accomplissement du « Wouzou » (ablution, purification obligatoire avant la prière), et d’autre part les salles de rangement et un patio où l’on peut voir un grenadier et un dattier, symboles de l’Islam méditerranéen.

On accède à ce niveau bas par la rue des Bons Enfants, par une porte sculptée aux Comores, don des fidèles comoriens; et par la rue F. de Mahy où se trouve la porte principale.

Au niveau haut, accessible par la rue F. de Mahy et par le Jardin de la Mosquée, il y a un espace agrémenté de plantes vertes où les pratiquants peuvent prier ou se mettre en groupe pour des causeries et des réflexions religieuses.

Une série de petits dômes forment le toit de cette partie de la Mosquée ainsi qu’une verrière permettant l’éclairage et l’aération de l’édifice. Les colonnettes et les murs d’enceinte sont tapissés de pâte de verre ou de petits carreaux de faïence à défaut de céramique, apportant là un aspect de l’art traditionnel de l’Islam en cette Mosquée.

A l’Ouest de la salle de prière, dans une courette carrelée se trouvent quelques robinets d’ablutions ainsi qu’une fontaine marocaine fabriquée à la main au Maroc.

Cet espace rénové et refait à neuf en 2012 était anciennement recouverte de faïence bleue, et on y trouvait des claustras en fer forgé qui étaient installés aux murs.

Sur ces claustras on pouvais découvrir les mêmes motifs que ceux des grilles de l’Eglise de Terre Sainte, rénovée par le même architecte M. FRITZEL.

Le Hawz
Le Hawz est un bassin d’ablutions dans lequel les fidèles peuvent se purifier. La purification, appelé Wouzou est un rite obligatoire avant la prière.
Wouzou
L’ablution, purification obligatoire de parties du corps avant la prière et avant de lire le Coran
Le Markaz
Le centre de rassemblement des missionnaires du Tabligh Djamaat
Le Tabligh Djamaat
Mouvement religieux de prédication, dont les objectifs sont d’appeler les autres au bien, en ordonnant les bonnes actions et en défendant le mal

Deux escaliers hélicoïdaux permettent la jonction entre les deux niveaux de l’espace extérieur .

La Mosquée nécessita beaucoup d’imagination et de prouesses techniques à cette époque-là de la construction, en particulier pour l’édification des dômes et du Minaret.

L’éclairage de l’ensemble est effectué par des baies vitrées. Les travaux d’incrustation des noms « ALLAH » et « Mouhammad(P.B.S.L.) » sont l’œuvre des artistes réunionnais LEFEVRE Père et Fils, créateurs de vitraux.

Le « Markaz », une grande salle au sud, sur deux niveaux permet la réception des missionnaires du « Tabligh Djamaat » lors de leurs passages dans la ville.

Une salle de prière réservée aux femmes est mise à leur disposition au dessus des commerces se situant à l’angle des rues F. de Mahy et des Bons Enfants, permettant ainsi aux fidèles musulmanes de passage dans la ville d’accomplir leur devoir religieux.

Les dames peuvent également participer aux rassemblements et écouter les causeries religieuses en se réunissant dans des salles de la Madressah, dans l’enceinte de la Mosquée.                                 

Le Minaret de l’arabe (Minâra) -ou lampe- s’élève à 42 mètres de hauteur. On peut accéder au niveau 34 par un escalier intérieur et avoir une vue d’ensemble sur le Centre Ville.

L’Azaan (appel à la prière), à défaut d’être effectué 5 fois par jour, l’est fait au moins 3 fois par jour par le Muezzin à partir d’un micro et diffusé par les haut parleurs qui s’y trouvent. Le haut du Minaret et les 5 dômes, sont recouverts de feuilles de cuivres.

mètres de Haut

La Mosquée Atyaboul Massadjid, tout en respectant les normes religieuses et les styles de l’art musulman universel, a su utiliser les matériaux locaux et donner un caractère africain à l’édifice, ancrant cette construction dans l’espace indian-océanique dans lequel nous vivons. Par les pâtes de verres et le marbre au sol, elle a su apporter également l’empreinte des bâtisseurs musulmans méditerranéens.